Le document insolite : Trace et tracé de marche dans les monts d’Auvergne

Hélène Caillet

De 1985 à 1990, Christine Quoiraud fait partie de la compagnie Maï-Juku, la compagnie internationale de Min Tanaka basée au Japon. Elle y est initiée à la recherche en Body Weather (ou météorologie du corps) par le chorégraphe et les membres de sa troupe, parmi lesquels Frank van de Ven, Katerina Bakatsaki, Oguri ou encore Tess de Quincey. Par la suite, Christine Quoiraud développe sa recherche en proposant de grands stages estivaux intitulés Corps/Paysage, puis, grâce à une bourse Villa Médicis Hors les Murs, elle lance dans les années 2000 une série de projets Marche et Danse, au cours desquels elle convie stagiaires et publics à des périodes intensives de marche, de danse et d’improvisation.

C’est dans ce contexte qu’elle entreprend, avec une dizaine de participants, une marche dans le massif volcanique des monts Dore en Auvergne, entre le 29 juillet et le 6 août 2004. Pendant une dizaine de jours, le groupe alterne temps de marche, lectures et pratiques corporelles diverses. Au milieu du parcours, ils se séparent en quatre groupes et continuent leurs chemins sur autant de boucles concentriques autour du Puy May, suivant des itinéraires imaginés pour eux par la plasticienne et poétesse Odile Fix, originaire de la région.

Quelques jours avant leur passage, l’artiste dispose à leur attention les pages éparses d’un livre inspiré des paysages qu’elle a traversés lors d’une marche de repérage effectuée un mois plus tôt, pendant le solstice d’été. Les pages, peintes grâce à des pigments minéraux collectés dans ces mêmes lieux, sont cachées dans les reliefs naturels (arbres creux, pierriers, fissures de rochers) et discrètement signalées à l’aide de petits rubans bleus. Pour faciliter les recherches des participants, Odile Fix leur remet également une liste des lieux de dépôts des pages.

Après trois jours de marche et d’exploration, les différents groupes se retrouvent au lac de Guéry avant de rejoindre le village de La Garandie, où ils remettent à Odile Fix le résultat de leur collecte. Cette dernière finalise l’objet en lui fabriquant une couverture ; le livre, trace de cette aventure collective au cœur du parc naturel régional des volcans d’Auvergne, est exposé quelques semaines plus tard au Festival Contre-plongées de Clermont-Ferrand.

Hélène Caillet est documentaliste-archiviste au sein du département patrimoine, audiovisuel et éditions du CN D.

Tourner autour du soleil d’Odile Fix avec Christine Quoiraud et le groupe marche et danse,
livre issu des collections de la médiathèque du CN D, fonds Christine Quoiraud
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Odile Fix
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