CN D Magazine

#1 sept 22

Images extraordinaires

Une danse de Haute-Bretagne filmée par Francine Lancelot


Extrait Super 8 d’une série de collectages effectués par Francine Lancelot dans le cadre de missions ATP-CNRS de 1974 à 1977 sur les danses de Haute-Bretagne. L’extrait choisi est une ridée menée par Jean-Louis Latour. Il a été enregistré le 23 juin 1974 à Allaire, dans le Morbihan, devant la chapelle Sainte-Barbe.

Le regard de Michel Guillerme, chercheur indépendant, Haute-Bretagne

J’étais très jeune quand j’ai rencontré Francine Lancelot, qui a filmé ces images. Elle m’avait sollicité pour un stage sur des danses issues des contredanses car elle avait appris que j’effectuais des recherches dans mon propre terroir, le Penthièvre, en Haute-Bretagne septentrionale. Ce stage avait été une révélation pour moi. En termes de méthodologie, d’histoire de la danse et de ses implications concernant nos traditions de Haute-Bretagne, j’ai en peu de temps, comme la plupart des présents, beaucoup appris auprès d’elle.

Je sais que, missionnée par le CNRS, Francine Lancelot a entre autres prospecté en Haute-Bretagne, en Pays guérandais, en Pays paludier et dans le Vannetais gallo. Je retrouve dans ce film une danse de cette partie du grand terroir vannetais, la partie orientale, appelée Vannetais gallo car situé en Pays gallo. On y parle la langue gallèse, ou gallo (langue romane appartenant à la branche des langues d’Oïl) et non le breton (langue de la Basse-Bretagne).

Cette danse, majoritaire dans ce terroir, c’est la ridée. Il s’agit d’une danse à 6 temps, ou plutôt à 4+2 temps, que je classe, comme d'autres, dans les danses issues du branle simple. La source nous vient de Thoinot Arbeau dans son Orchésographie. Elle est de plus caractérisée par son mouvement de bras, comme les laridés du Vannetais bretonnant, phénomène traditionnel d’évolution.

C’est une danse menée par Jean-Louis Latour, porteur de tradition, qui est présentée ici. Elle est exécutée par une population de jeunes gens (à l’époque) pour qui il s’agissait d’une danse apprise, d'où leur grande homogénéité technique, contrairement à ce qu’on pouvait voir chez les danseurs plus âgés (qui portaient encore cette tradition) immortalisés par Francine Lancelot à la même période.

Démonstrations de danses traditionnelles
Dans le cadre des Journées européennes du patrimoine
au CN D
17 et 18.09.2022
cnd.fr